Parce que ca fait du bien de se sentir protéger par nos proches.(Ft Lindsey + Aby)

Le lendemain se lève déjà. Et j'ai pas dormi. Sommeil entrecoupé de sursauts. De cauchemars. De visions. Cœur palpitant, animé par la peur, par les mauvais souvenirs. Et malgré cet évènement qui malheureusement marque une croix dans le calendrier, la vie suit son cours. Et je sais que si je ne mets pas le nez dehors tout de suite, je deviendrais agoraphobe. Après une chute de cheval, on remet le pied à l'étrier. Alors j'ai pas le choix. Raphaël m’accompagne en cours. Et pendant la pause, j'envoie un sms à Aby. Aby. J'la porte pas dans mon cœur, cette fille là. Mais parce que j'aime Nathan, et que je sais qu'il l'apprécie beaucoup, j'ai noté son numéro hier alors que Nathan dormait. Ça lui fera une jolie surprise. Et je prendrai sur moi pour ne pas être désagréable avec elle. Mais tout est encore frais. Alors je vais essayer. Pour Nathan.

Je lui dis de venir vers 16h à l’hôpital. Il est 15h45 et je me rends déjà dans sa chambre, après mes cours. Trajet en bus suffoquant. Sur mes gardes. Une bombe lacrymogène dans la poche. J'entre dans cette pièce froide, impatiente de le serrer dans mes bras. Referme la porte derrière moi en la claquant. Nathan est bel et bien réveillé. Il a l'air de surmonter le choc, bien que cerné, tout comme moi. Sans un mot, je m'approche de son lit, laissant tomber mon sac lourdement par terre, et l'enlace comme je peux, avec précaution. Tu m'as manqué. Je ne pense à rien d'autre qu'à cet instant présent. Je dépose un léger baiser sur son front, marquant mon affection pour lui. J'arrive à lui sourire, et ça fait tellement de bien de le voir sain et sauf. Stable. Avec des couleurs aux joues. J'espère que tu m'en voudras pas. Je lui lance un regard un peu malin. Mais j'ai pensé que ça te ferait plaisir... Ma phrase est interrompue parce que quelqu'un toque à la porte. Surprise. Je lui souris tendrement, alors qu'Aby franchit le seuil de la chambre. Je m'écarte légèrement de mon meilleur ami pour laisser la voie libre à la blonde, mais reste suffisamment proche pour ne pas inquiéter Nathan.

Tu étais tranquillement en cours lorsque tu reçu un sms. Tu ne comprenais pas qui pouvait t’envoyer de message à cette heure. Habituellement, tout le monde était en cours et il n’y en a pas un qui se risquait à écrire sur son téléphone en face de leur professeur. Les profs de cette université était quand même sévère à la vue de téléphone portable et si les élèves ne voulaient pas se faire détester par eux, ils devaient se conformer à la règle d’envoyer les sms qu’aux pauses. Elle se dit alors que cela devait être important, qu’il fallait qu’elle regarde immédiatement. Salut Aby, c'est Lindsey. Je ne sais pas si tu es au courant, Nathan a eu un accident. Ça lui ferait du bien, un peu de compagnie. Je vais à l’hôpital vers 16h. Tu m'y rejoins ? Je ferai l'effort de te supporter ;) A toute. Lorsque tu aperçu le nom de celle qui t’avais écrit, un soupire se forma sur tes lèvres. Tu ne l’aimais pas. Elle ne t’aimait pas. C’était réciproque. C’était une petite guerre entre toi et elle. Tu connaissais Nathan depuis plus longtemps qu’elle et tu détestais lorsque tu avais besoin de voir ton ami et qu’il ne pouvait pas parce qu’elle se l’accaparait. Puis, tu t’attardas sur le restant du message. Ton cœur s’arrêta. Nathan avait eût un accident et il ne te l’avait pas dit ?! Pourquoi cette chipie était au courant et pas toi ? Tu étais paniqué. Tu essayas de te dire qu’il devait bien aller parce que sinon elle ne te l’aurait pas annoncé de cette manière, mais il fallait dire que le restant de l’après-midi s’écoula très tranquillement. Tu voulais aller immédiatement à l’hôpital, se foutre du fait qu’elle t’ai donné rendez-vous à seize heures. Tu voulais juste le serrer dans tes bras. Lorsqu’arriva quinze heures cinquante, tu franchissais le hall de l’hôpital d’un pas très rapide. Ta mère avait eût un accident de voiture il y avait à peine trois semaines et tu avais vraiment peur de retrouver Nathan dans un sal état. Lorsque tu arrivas dans la chambre, tu regardas à peine Lindsey. Tu ne voyais que Nathan dans son lit avec l’attelle au bras. Les larmes te montèrent aux yeux. Tu ne pouvais pas t’en empêcher. « Nathan ! » Tu fis attention pour ne pas lui faire mal, mais t’approcha de lui et le serra le plus fort que tu pouvais. « Mais qu’est-ce qui s’est passé ?! »

J'ai promis à Nathan que je passerai chaque jour jusqu'à sa sortie, alors je m'y tiendrai. Et ça me forcera à vaincre ma peur. Cette peur de devoir affronter le tireur. La peur qu'il m'isole une seconde fois dans une ruelle. La peur de mourir. Mais c'est en affrontant ses vieux démons qu'on surmonte la peur. Et d'entendre sa voix prononcer le surnom qu'il est le seul à me donner apaise toute ma tension. Me rassure. Je suis contente d'être ici, et de pouvoir savourer le sourire qu'il affiche. Instant interrompu par l'entrée fracassante de la Terrace. J'attendais au moins un merci. Une réponse à mon sms. Mais rien. Même pour ça, elle n'est pas capable de faire un effort. Alors mes yeux roulent vers le ciel lorsqu'elle traverse la chambre de Nathan, prenant soin de m'ignorer royalement. Va falloir faire avec. Elle s'empresse de le prendre dans ses bras, et je m'entends émettre un Doucement sur le même ton que Nathan. Elle n'a pas l'air de se rendre compte de la gravité de sa blessure. L'émotion, dira-t-on. Elle me fait rire intérieurement, avec ses yeux qui perlent. Je racle ma gorge, tentant de faire abstraction de la scène qui se déroule devant moi. Je regarde mes pieds quand je sens le regard de Nathan me chercher. Je le sens qu'il semble être gêné par la question de la blonde. Alors je plonge mes prunelles dans les siennes, comme pour lui donner du courage. Pour le soutenir. Et sa voix hésitante, ses mots, me font frissonner. La difficulté qu'il a à s'exprimer me touche. Je sens le regard d'Aby posé sur moi, imitant Nathan. Alors je continue l'histoire sur une voix placide. En fait, Nathan m'a protégé. Mon regard ne quitte pas celui de mon frère de cœur. Il s'est interposé alors qu'un connard pointait son arme sur moi. Je sens mes poings se serrer, inconsciemment, rien qu'à la pensée de ce type. J'sais pas pourquoi, il me visait. Je hausse les épaules. Mais c'est pas moi qui ait reçu la balle. Ma culpabilité. Encore. Revient en force. Pourquoi lui, et pas moi ? Et ça m'étonnerait pas si Aby pensait que j'étais coupable, puisque c'est ce que je ressens. Que tout est de ma faute. Alors j'ose affronter le regard de la blonde, en lui envoyant mon air navré en pleine face. Puis mes yeux tombent sur ma main droite bandée, que ma main gauche vient protéger. Gênée.

Tu étais là en deuxième et ça t’agaçait. Lindsey t’avait toujours agacé. Elle se croyait prioritaire face à Nathan. Tu étais là avant elle et elle allait devoir s’habituer à ta présence. Nathan c’était celui qui te permettait de te raccrocher, de prendre une pause quand tout allait trop vite dans ta vie et que tu ne comprenais plus rien. Il était capable de t’apaiser en une seule parole. Il savait que tu étais une personne qui s’inquiétait vite pour ses amis. Il savait que dans le fond, tu pouvais être un ange autant que tu pouvais être extrêmement méchante avec les gens que tu ne portais pas dans ton cœur. Et elle était là. Elle était une personne importante pour Nathan et tu faisais des efforts pour la tolérer quand elle était là. C’était toutefois plus fort que toi, tu ne pouvais pas agir normalement… « Doucement... » Tu te recula. Il avait parlé en même temps qu’elle. Ça t’agaçait. Tu pris sa main dans la tienne, restant assis sur le sofa. Tu avais besoin de le sentir près de toi. Tu avais eût une peur bleue lorsque Lindsey t’avait envoyé ce sms et maintenant, tu ne voulais plus le lâcher. « J'ai, Je me suis... On m'a tiré dessus. » Tu devins blanche comme un drap. Tu ne pouvais pas croire que c’était arrivé. Tu ne pouvais pas croire qu’il avait été attaqué de la sorte. Si tu attrapais ce petit con, tu allais lui en faire voir de tous les couleurs. Puis, tu vis qu’il regardait Lindsey. Tu ne comprenais pas ce comportement. Tu avais l’impression qu’il y avait quelque chose de plus fort entre eux qu’avec toi et c’était suffisant à te briser le cœur. C’était la seule personne qui comptait vraiment pour toi et tu détestais le sentir aussi loin. Tu rapportas ton regard sur la brune. Tu ne parvenais pas à parler. « En fait, Nathan m'a protégé. » Tu savais qu’elle n’allais qu’amener des problèmes. Tu ne la sentais pas cette fille-là. Tu faisais bien de t’en méfier. « Il s'est interposé alors qu'un connard pointait son arme sur moi. » Tu ne parlais pas. Tu lui en voulais. Si Nathan n’avait pas été avec elle, il n’aurait pas été blessé. Tu étais vraiment une mauvaise personne de pensée comme cela, mais tout ce que tu voulais, c’était retourner en arrière pour que ton ami ne soit pas à cet endroit. Peu importe qui d’autre se faisait blesser. « J'sais pas pourquoi, il me visait. Mais c'est pas moi qui ait reçu la balle. » Tu étais crispée. Tu n’avais qu’une envie et c’était de crier sur Lindsey. Pourtant, tu te retenais. Pour Nathan. Tu ne voulais pas faire de scène devant lui. Tu ne pouvais pas croire qu’il s’était fait tirer dessus pour elle. Tu ne pouvais pas croire qu’il avait risqué sa vie. Tu faisais de rond sur le dos de sa main avec tes doigts. Tu étais encore blême. Tu rapportas ton attention sur ton ami, ferma les yeux et pris une grande respiration pour te calmer. « Et… Il y a beaucoup… De dégât ? »

J'admire ironiquement la scène. Quand Aby prend la main de Nathan. Je la sens bien, la distance qu'elle tente d'installer entre lui et moi, elle qui monte une barrière qu'elle croit infranchissable. Mais ça me fait bien rire intérieurement, la façon dont elle rage. Je peux deviner, dans son regard, qu'elle me juge comme étant la fautive. Entre nana, on se comprend, même si c'est pour sous entendre des reproches. Et elle me les envoie dans la tronche, avec le bleu de ses yeux. Mais je reste de marbre, j'veux pas lui accorder de l'importance. Et quand Nathan émet sourdement mon prénom, je comprends qu'il cherche encore à me protéger, à me relever. Parce qu'il sait tout. Il sait combien je galère pour rester debout, dans cette chambre, alors que tout mon organisme est noué par la peur qui revient à la charge chaque fois que je repense à ce moment. Mais sa voix adoucit mes maux. Apaise cette tension. Je hoche la tête, sourire timide, pour lui indiquer que je reçois parfaitement son message, et que je ne lui en veux pas d'être en contact direct avec Aby. J'suis pas jalouse. Ni possessive. C'est juste elle que je méprise, à faire comme si elle était chamboulée. Comment elle aurait vécu cette situation, à ma place ? Elle serait certainement à ramasser à la petite cuillère. Je ne veux pas me vanter, mais j'pense que j'ai plus de poigne qu'elle. Et son clin d’œil foiré qui m'arrache un rire furtif. Idiot. Murmure affectif. Amical. Et je le rejoins du côté opposé où Aby se tient déjà à son chevet. Et il m'offre son baiser tendre. Je passe légèrement ma main dans ses cheveux, puisque sa main valide est déjà emprisonnée.

Et un blanc pesant s'installe. Je reste debout, parce que j'veux pas me mettre au même niveau que cette fille. Et de toute façon j'ai bientôt rendez-vous pour refaire mon pansement, dans cet hôpital. Nathan brise le silence en évoquant les séquelles de son accident. Et j'adore la façon dont il relativise. Il s'est quand même fait tirer dessus. Failli mourir, à quelques centimètres près. Et il fait comme si rien n'était grave. Il va s'en sortir, c'est certain. Et j'me rends compte que j'ai cette mentalité aussi. J'ai déteins sur lui. Ou il déteint sur moi. Je l'avais oublié, ma joie de croquer la vie à pleine dent. Son sourire réchauffe mon cœur. Mais quand il évoque notre éventuelle virée shopping entre copine, j'avale ma salive de travers et m'étouffe, jetant un coup d’œil à Aby. Promis j'ai pas fait exprès. Pas trop. Je reprends mon souffle et lance un sourire à Nathan, prenant la parole avant elle. On fait aller. T'inquiètes pas pour moi. J'suis pas toute seule, dehors. J'peux pas dire que Raphaël me prend sous son aile. Pas devant elle. Mais j'veux juste le rassurer. Et j'parlerai pas de mes cauchemars non plus. Trop fière pour me rabaisser face à la blonde. Et nos cours prennent trop de temps, pour qu'on se voit. Hein Aby ? Entre dans mon jeu. Le regard que je lui inflige l'oblige à aller dans mon sens. Parce qu'on n'est pas là pour démoraliser Nathan, mais pour lui donner le sourire. Mettre un peu de baume à son cœur. Lui faire passer quelques minutes, heures, agréables. On n'est pas la pour se crêper le chignon. Mais elle n'est pas trop conne. Elle comprend très bien.

Nathan capte mon regard, et je le vois, qu'il se crispe. Ni une ni deux, je l'accompagne, pour l'aider à se redresser, replaçant correctement l'oreiller derrière son dos. Soutenant son poids comme je le peux, à la force de mes bras fins. Mes points de suture tirent sur le haut de ma main droite, alors je la retire dans un mouvement bref, sans avouer quelconque expression sur mon visage. C'est bon, comme ça ? Et quand je prends soin de lui, mon estomac retrouve sa souplesse.

Tu la détestais. Plus tu la regardais aller avec Nathan, plus tu la détestais. Tu ne pouvais pas croire qu’elle prenait autant de place dans sa vie. Tu avais toujours pensé qu’ils étaient amis, mais sans plus. Toi, tu n’avais pas d’amitié de ce genre. Non, tu avais toujours fait ta forte, tu avais toujours fait en sorte que les gens pensent que tu les adores, mais que tu ais toujours une poigne sur eux. Leur amitié t’était toujours utile et non pas vraiment fondée sur quelque chose de solide. Il y avait bien Brooke qui pouvait vraiment compter sur toi parce que tu l’adorais, tu l’aimais vraiment, mais tu ne pouvais pas compter sur Brooke. Elle était trop faible. Tu ne pouvais pas lui avouer tout ce qui se passait dans ta vie. Non, c’était impossible. Il n’y avait que Nathan. Tu pouvais l’appeler en pleurant, en riant, en criant sa haine et tu savais qu’il serait toujours là pour t’écouter. Voir Lindsey agir de la sorte avec lui te faisait tellement peur. Tu avais peur de le perdre, peur qu’il ne veuille plus te voir pour être seulement avec elle, cette garce à la bouille d’ange. La haine était déclarée entre vous et il n’y avait pas de revirement possible. Non, tu ne pourrais jamais aimer Lindsey. Le fait d’avoir la main de ton ami dans la tienne, ça te retenait sur terre. Tu n’exploserais pas dans ton angoisse. Non, toutes tes peurs restaient tapies. Tu devais cacher ce côté d’elle à la brune. Tu étais forte et ça resterait comme ça. « Un mois d'immobilisation, mais c'est parce que je peux pas marcher sinon je pourrais sortir d'ici... ça va passer vite. Enfin, j'espère. Ça me permettra de ne pas bouger ma jambe aussi et reposer mes bras ... Mais rester enfermé, je vous jure. » Tu regarda autour de toi. Tu ne pouvais pas croire qu’il allait rester dans cette chambre pendant aussi longtemps. Il fallait trouver une solution. Tu devais tout mettre en œuvre pour au moins le faire sortir de l’hôpital une fois de temps en temps. « Mais si je te trouve une chaise roulante, il y a moyen que je t’amène prendre l’air ? » Tu aurais voulu lui offrir de venir vivre chez toi avec cette chaise roulante, tu aurais été au petit soin. Cependant, ton appartement était au deuxième étage et tu ne pouvais pas le monter dans tes bras. Tu pouvais au moins lui proposer d’aller faire quelques activités qui seraient accessible à une chaise roulante. Tu allais lui changer les idées toi. « Comment vous allez vous ? Dites-moi tous les filles, vous faites des virées ensembles ? les magasins ? Vous me parler jamais de vous ! Et vos cours ? » Tu avais envie de partir à rire. Sortir avec Lindsey ? C’était impossible. Tu finirais par la trucider. Cela ne faisait que quelques dizaines de minutes que tu étais en sa présence et c’était assez pour en être plus que tannée. Tu la vis s’étouffer. Vous deviez toutefois faire en sorte que votre ami ne se rende pas compte que tu ne l’aimais pas à ce point. Pourtant, il ne pourrait pas t’en vouloir pour ça, elle ne t’aimait pas autant que le contraire était aussi vrai. « Et nos cours prennent trop de temps, pour qu'on se voit. Hein Aby ? » Tu réfléchissa deux secondes à ce que tu pouvais bien lui répondre. Pourtant, il fallait que tu fasses vite. Il ne devait pas voir que tu lui faisais un mensonge par omission comme tu les appelais. « Exactement. J’ai beaucoup de contrat aussi dans ces temps-ci donc je n’ai pas vraiment le temps de voir de gens. Puis la famille me prends aussi énormément de mon temps. » Tu ne voulais pas lui dire que ta mère avait eût un accident de voiture et que tu allais lui faire à manger une fois de temps en temps. Tu n’avais pas eût le temps de lui dire et tu ne voulais pas l’inquiéter. Puis, il y avait aussi Nathaniel. Tu te battais pour faire reconnaître tes droits dans la famille Hermès et ça minait ton moral. Il ne fallait toutefois pas le faire paraître. Tu lui en parlerais plus tard. Tu ne voulais pas que Lindsey sache ce qui se tramait. Encore moins qu’elle sache que cela te causait des crises d’anxiété. Tu ne voulais pas qu’elle sache que tu étais aussi faible. Et tu le vis grimacer. Tu te demandais ce qui le dérangeait à ce point et tu vis Lindsey l’aider à se remonter dans le lit, à s’asseoir adéquatement. Tu n’étais pas bonne avec ce genre de geste. Tu n’étais pas mère Theresa et tu ne savais pas comment agir. Tu étais bonne pour le divertir toi. « Il y a un dvd ici ? Je pourrais amener un film et regarder ça avec toi demain ? » Tu ne le lâcherais pas d’une semelle, ça c’était sûr.

Malgré mon attitude avec Nathan, toujours fraternelle, toujours protectrice, parce que c'est naturel. Parce que j'ai toujours eu cet instinct protecteur envers lui, malgré qu'il soit plus âgé que moi. Parce qu'il me le rend bien, de part ses baisers affectueux. Je remarque que mon ennemie reste impassible et n'en démord pas. Tant mieux. Elle s'accroche comme une tique à sa main et me prouve qu'elle a une force de caractère que j'ignorais. Et quand elle évoque son idée de chaise roulante, je me mords l'intérieur de la joue, parce que c'est une putain de bonne idée. Mais j'ai pas envie de lui donner satisfaction. Je me contente de scruter les réactions de Nathan. Et si ça lui fait plaisir, ça me va. J'ai pas vraiment la tête à vagabonder à l'extérieur. Alors si elle peut s'en charger, c'est pas plus mal. Elle évoque un après-midi DVD, avec lui. Elle m'exclut définitivement de la partie. Moi qui avait prévu de passer tous les jours. J'peux toujours m'arranger à passer plus tard. Mais Nathan ne comprend pas le message qu'elle envoie. Qu'elle préfèrerait rester seule, avec lui. Tant pis ma belle. Il va falloir me supporter encore un peu. Je la toise, le regard triomphant.

Quoi, ma main ? J'avais oublié l'espace d'un instant mon coup de grâce dans le miroir, alors que j'étais sans nouvel de Nathan. Alors que j'étais tourmentée. Alors que mon monde s'écroulait. Alors que le visage de notre agresseur apparaissaient sous mes paupières fermées. Arrêtes de bouger comme ça ! Je le bloque, parce qu'il se fait mal dans son affolement pour moi. J'ai assez fait de dégâts comme ça. Alors je l'immobilise comme je peux, mon visage dur. Ma voix sévère. Tu vas te faire encore plus mal ! J'le gronde. Mes nerfs sont à vif. Je perds ma patience, trop de fatigue. Et j'en ai rien à foutre de l'autre, j'ignore complètement la blonde. Je lui présente ma main, sous ses yeux, pour qu'il se pose. Pour qu'il se calme. Et mon ton se radoucit. J'essaie de me contrôler. De lui expliquer. C'est vraiment rien. J'te le jure. Une égratignure. Je marque une pause, et soupire. J'ai explosé le miroir dans les toilettes. Un rire nerveux m'échappe, alors que mes yeux tombent dans ceux d'Aby. J'la vois mal réagir comme moi, elle risquerait de se casser un ongle. Puis mon regard rassurant, dans les prunelles de Nathan, accompagné d'un léger, très léger, sourire. Ça va aller. T'inquiète pas pour moi. je joue la guerrière. Mais c'est en me persuadant que ça ira que j'irai mieux.

Je bois un coup depuis la bouteille que Nathan me tend. Le pauvre. Il est si naïf que ça le rend attendrissant. J'aime pas lui mentir. Et même si je voulais réellement, il s'en rendrait compte. Je ne suis pas douée pour ça. Pas comme elle. J'essaie d'enchainer, naturellement, en esquivant le sujet. On n'a pas besoin de se voir souvent tu sais. A voix basse. Et rapidement. Tu as raison, j'apporterai la pizza. Et toi Aby, tu choisis le DVD ? Je fais un effort surhumain pour lui sourire, alors que mes yeux n'accompagnent pas mes lèvres. Sourire faux. Mais Nathan tellement subjugué par l'émotion qu'il ne s'en rendrait même pas compte. Par contre, un film qui bouge, ou qui fait rire. Pas un truc à l'eau de rose. Ton ironique. Enjoué. Légèrement moqueur.

Tu avais l’impression que pour Nathan, Lindsey était un peu plus importante et tu ne l’avais jamais réalisé autant. Pourquoi fallait-il qu’il y ait toujours quelqu’un qui vienne t’enlever tes amis lorsque tu réussissais a finalement faire confiance à quelqu’un ? Tu avais tout donné dans ton amitié avec Nathan et Lindsey était arrivée dans le décor. Tu la détestais juste pour ça. Sous ton masque de pierre, tu avais besoin de quelqu’un sur qui tu pouvais compter. Qui pouvait vivre seul, sans personne pour l’épauler ? Elle n’avait pas besoin de beaucoup de gens, non. Elle avait besoin d’un seul et c’était Nathan. Et Lindsey avait bien l’air décidé à lui enlever. Tu ne voulais pas que ça arrive, tu ne la laisserais pas gagner. Puis, tu vis Nathan s’agiter, commencer à essayer de prendre son bras invalide. Tout ça à cause d’elle. Parce que cette pauvre conne n’avait pas pu l’avertir avant, il avait fallu qu’elle attende qu’il lui en parle et qu’il panique. Elle se mit à crier en même temps que Lindsey. « Arrête !! » Sans le vouloir, tu serra un peu plus sa main dans la tienne, essayant de le faire redescendre sur terre. Tu te mis à faire des ronds un peu plus vite dans la paume de sa main. Tu voulais qu’il sente que tu étais là, qu’il fallait qu’il se calme au plus vite. Tu jetas un regard noir à Lindsey. Mais qu’elle était conne cette fille-là. C’était de sa faute si Nathan s’était fait tiré dessus et maintenant, elle l’empêchait de se reposer comme il le fallait en se pointant avec sa main bandée. Il fallait vraiment être idiote. Puis, Nathan parla encore de toiet de Lindsey. Non, vous n’étiez pas meilleures amies. Non, vous ne passiez pas tout votre temps ensemble. Vous étiez là que parce que Nathan n’avait pas cru bon t’appeler pour t’avertir de son accident et qu’elle l’avait fait. Tu aurais bien voulu le chicaner pour ça, mais tu ne voulais pas le mettre plus à terre. Ça n’aurait rien servi. « Je te jure mon loup, maman me prends beaucoup de temps… » Tu t’occupais de ta mère plus que jamais. Tu avais même élu domicile chez elle les week-ends. Avec son plâtre à la jambe, elle avait de la difficulté à se déplacer et tu voulais lui rendre sa convalescence un peu plus légère. Tu voulais lui venir en aide. Elle avait été chanceuse de ne pas être plus blessée durant son accident parce qu’elle avait vraiment été écrasée par cette grosse voiture… Tu détestais toutefois mentir de cette manière à ton ami. Tu ne voulais pas lui faire de peine, mais tu ne pouvais pas changer ton opinion sur Lindsey. C’était une fille que tu n’appréciais pas et ça allait rester comme cela, tu le savais. De toute manière, elle ne t’aimait pas. Puis, il invita Lindsey à votre après-midi film. Tu avais le goût de soupirer. Tu aurais voulu passer un moment seul avec lui, mais il en avait décidé autrement et tu n’osais pas lui avouer que tu ne voulais pas qu’elle soit là. Tu fis tout de même un sourire. Tu détestais être aussi hypocrite. « Parfait ! J’amène le film le plus hilarant qui soit. » Elle se moquait de toi. Elle ne te connaissait pas et se permettait de te juger. Dans le fond, elle était pire que toi. Elle était une fille qui jugeait énormément alors qu’elle ne connaissait pas. Elle se fiait que sur le physique. Tu la détestais. Dans le fond, tu n’en avais rien à foutre de ce qu’elle pensait. Tu souhaitais juste qu’elle déguerpisse. « On se dit à 16 heures comme aujourd’hui ? »